Pirate

Je t'écris au grès des vagues, ma bien aimée Nièce.

Je sais que depuis que je m'en suis allé en mer, tu n'as plus eu de nouvelles de moi. Je te demande de ne pas être dans un sentiment de colère quand tu verras que je t'écris enfin.
Je crois que cela fait maintenant 8 mois que je suis en mer.


Durant ce lapes de temps, je pense bien que tu as dû beaucoup changer. Tu as fêté tes 18 printemps déjà. Aujourd'hui tu dois être une véritable femme.
Même si tu reçois ce courrier cependant, ne va pas encore imaginer que je rentrerais bientôt, c'est justement pour t'annoncer le contraire que j'écris.

Le bateau marchand sur lequel j'ai été engagé a, à mi-chemin, été pris par un assaut de pirate. J'ai eu de la chance d'y survivre en demandant à être matelot à leur bord.

Le Dieu de la Mer a été avec moi ce jour là.
Cela faisait donc 3 semaines depuis mon départ.

Les semaines suivantes ont été très dure pour moi... je te fais la grâce d'écouter mes premiers malheurs.

Au bout de 2 mois, j'ai assassiné le capitaine et l'équipage me mis à la tête du bateau.
Je ne comprend toujours pas pourquoi.

Ainsi nommé capitaine j'ai ordonné d'explorer l'océan.

J'y ai trouvé une mer splendide, une autre d'huile, d'autres encore avaient la couleur d'une pierre précieuse ! Rouge rubis, bleue saphir, orange flamboyant ...
Un jour nous avons mis l'ancre et pied à terre. Les autochtones étaient très accueillant. Ils nous ont montré une espèce marine rare.
Cette espèce ressemblait à un rocher, étrange. Mais ce rocher grandissait chaque année et est formé étrangement. Sa couleur tirait du rose au pâle, c'est à ce moment que j'ai commencé à pensé à toi:

Ma douce Nièce, tu ressembles à ces pierres vivantes. N'en soit pas offusquée, je vais t'expliquer.
Ces pierres sont d'une fragilité et d'une force non-égalée par aucun être.
Ils sont fragiles puisqu'un simple geste d'un animal terrestre les casse. Mais ils sont solides comme du vrai roc pour les autres espèces marines et leurs liens avec les poissons sont très forts.

Les poissons se battraient pour le rocher si celui-ci leur demandait ! Puisqu'ils vivent autour et même sur lui, je pense que ce serait la moindre des choses.
Tu es comme eux puisque tu es telle une simple fleur, donc fragile. Mais les liens qui t'unissent au monde eux sont fort comme le roc.

En plus de ces points communs, je t’avoue que d'après mes souvenirs: tu as aussi leur beauté. Ces rochers blanc et rose changeraient presque de couleur en fonction du soleil, je trouve cela formidable et tes yeux sont exactement ainsi.
Flamboyants et actifs le jour, passionnés le midi et endormis le soir.

J'ai décidé d'en recueillir un petit peu, mais les indigènes m'ont dit que ce joyaux des mers était intransportable. Je ne pourrais donc jamais t'en montrer... sauf si ta mère m'autorisait avec ton accord à t'amener. Et de ça, j'en doute qu'il soit possible ! Rie aux éclats pour moi je t'en pris.

Nous sommes reparties de cette mer australe après 2 semaines. Comme tu l'as lu, c'était un voyage formidable.

Cependant au retour nous avons fait une mauvaise rencontre.

Un navire de la marine nous a sommé de nous rendre. Nous étions devenues recherché pour les méfaits de l'ancien capitaine.
Après un temps de diplomatie, le temps des armes. Nous avons tué les hommes du bateau avant de piller son contenue.

Ne nous accable pas de ces crimes si tu nous vois un jour, j'en cauchemarde chaque soir et la vie devient de plus en plus difficile.

La marine, un navire en moins, a décidé de nous pourchassé avec la plupart de ses autres bâtiments antipirate.
Nous avons donc pris la fuite, encore une fois. Pillant et détruisant chaque navire pirate que l'on trouvait sur notre chemin. Faisant augmenter le prix de nos têtes.

Un jour, un bateau commerçant passait non loin de nous. Nous avons donc fait du troc et j'ai pu obtenir les feuillets que tu lis et l'oiseau qui les a transporté jusqu'à toi.

Nous sommes loin d'être pauvre, du moins pour cette échange-ci !

Cela fait donc 3 mois, et je t'écris enfin... Sauras-tu me pardonner ?

Pour t'informer de l'avenir, mon beau corail (c'est le nom de cette pierre vivante) je t’avertis que je vais venir te voir. Si tu es bien encore sur l'île de ton enfance.
Je vais venir incognito, à bord d'un prochain navire. Les hommes de la marine étant partout.

Tu peux m'empêcher de revenir.

Oui tu le peux. Si l'oiseau est bien encore là, il transmettra une réponse dans les délais les plus cours que lui offriront les vents. N'oublies donc pas de le nourrir !

Aujourd'hui, je te suis presque un inconnu. Si tu le penses, alors permet moi de te rencontrer à nouveau. J'en serais le plus heureux des hommes si tu acceptais.
Prend garde cependant à ne pas sursauter le jour de notre rendez-vous ! J'en serais peiné, mais il est vrai que je ne suis plus très beau.

Ainsi donc, voilà comment ce terminent ces feuillets, pleines de ratures dues à des vagues peu recommandées.

Je te souhaite du plus profond de mon être que tu te portes bien et que, dans un futur proche, je recevrais ta réponse, positive ou non.

Ton oncle qui t'aimes.
A bientôt mon corail.

A mon Oncle,

Il y a de cela bien plus de 6 mois que vous êtes partis mon Oncle. Cela fait donc bien plus de 6 mois que nous ne nous sommes pas reparlé.

J'ai plaisir à apprendre que votre voyage de deux années c'est déroulé comme vous le souhaitiez après la mise à mort "honorable" , sans aucun doute possible, de ce capitaine pirate dont il a été question.

Je fêterais mes 21 années de vie le 16 prochain, avec pour seule famille mon époux. Mère est morte, de maladie et d'épuisement trois lunes après votre disparition, Père, votre frère je vous le rappelles, est disparut en mer bien avant votre odyssée. Pour ce qui est de mes sœurs, elles ont été amenées à la ville pour trouver du travail plus rentable.
Même si je suis l'aînée, je n'ai reçut aucune lettre d'elles et l'ignorance de leur vie me fait me souvenir des jours tristes que nous avions passé ensemble avant leur départ.

Pour moi, Sieur Pirate mon Oncle, vous êtes mort depuis bien trop longtemps pour pouvoir vous ramener à la vie.
Peut-être en sera-t-il autrement pour mes cadettes, elles ne vous ont jamais connu comme elle l'aurait dû. Tout cela est essentiellement votre faute.

J'espère sincèrement que votre oiseau, porteur de nouvelle pour moi lugubre, reviendra vous annoncer qu'en plus des malheur que vous avez causé je vous trahis avec honneur en vous annonçant que mon époux est capitaine de la marine. Il doit, lui aussi, être à votre recherche. Qu'il vous trouve ou non, peu m'importe du moment qu'il rentre au port en un unique morceau.

Je ne vous hais pas, Sieur Pirate. Non. Vous ne faîtes, simplement, plus parti de ma famille. Mes sœurs, pour vous aider tout de même, sont allées à Roxburry pour trouver du travail et avant la rupture totale de nos liaisons, j'ai aussi appris qu'elles ont rencontré le maître batelier à qui appartiennent les quais.
Si par malheur vous retrouvez mes sœurs et qu'il leur soit fait du mal: je vous promets par tous les dieux que vous voulez, que vous serez retrouvé et châtié pour tout le mal qu'il leur a été fait avant que vous ne soyez puni en tant que pirate.

Cordialement et en tout honneur,
Kathérine Sergiano, postée à l'administration de la Marine sur l'île de Cardiff

Par delà les cartes de l'océan Hoomanil, bien loin au Nord de la mer de la Reconnaissance, le Jack of Joke avait jeté l'encre. Les poissons étaient nombreux dans cette région et les provisions de fruits, de légume mais aussi de viande sèche s'en trouvaient plus lentement diminués. L'ingéniosité des deux cuisiniers éloignait toutes les maladies du marin, pourtant les brumes épaisses, à couper au canon, enrhumé plus d'un homme.
La mer est absolument plate. Une dizaine de canes à pêche patientent paisiblement tandis que l'activité est plus active partout ailleurs. Les mousses se sont mis en tête de laver tout le bateau en moins d'une journée, jusqu'à atteindre un record inégalé; d'autres s'occupent des cordages, des canons, des poudres et des munitions.
Le capitaine ne sort plus de sa cabine depuis bientôt 3 brumes, soit une semaine. Tous sont inquiets. Parfois une hypothèse sur ce qu'il fait ou se qu'il lui est arrivé s'élève assez timidement. Le second réconforte à chaque fois l'équipage, tout en montrant sa part d'interrogation.

" Peut-être qu'il est devenu fou, ou très malade.
-Non ça ne peut pas être ça. Ça ne lui ressemble pas. Je crois qu'il prépare quelque chose.
-Moi ça me paraît improbable Normalement, il réfléchie à haute voix et se lance dans l'improvisation peu après..
-Mouais.. et tu réagirais comment si ta famille te reniait ? Tu foncerais comme un imbécile alors qu'on dois avoir une armada aux trousses ?
-Ben je sais pas. Si j'avais une famille, je pourrais bien imaginer la scène... Pour la marine, on peut faire quoi ?
-D'après tout se que je sais, plusieurs options s'offrent à nous: on peut rester ici et vivre encore quelques semaines en paix à éternuer, on peut aussi se rendre et être pendu, ou encore ! et là c'est l'une des options les plus folles que l'on aurait: c'est de partir à l'assaut de la marine.
-On peut pas.. je sais pas moi, abandonner le bateau au profit d'un autre et filer discrètement vers une île.
-Pour y faire quoi ?! Notre bateau, c'est notre âme. D'ailleurs je pense que nos ennemis ont de bonnes descriptions de nos visages depuis le temps qu'on est sur cet océan."

Le silence retombe. Rien ne bouge en dehors du bateau, du moins sur les 6 pieds visibles après le bord du navire. Un cri d'oiseau perce le silence: c'est Raldek qui revient.
Le rapace tourne autours du navire. L'équipage applaudit les acrobaties du volatile. Tout le monde est content qu'il soit rentré, l'oiseau lui-même est content de revenir chez lui. Il continu de virevolter, puis plonge dans l'eau, ressort peu après un poisson dans le bec. Il le lâche sur le pont, comme pour se moquer des apprenties pêcheurs et disparait une nouvelle fois.

Dans la cabine du capitaine, ce dernier réfléchit, pense tactique. Une carte d'Hoomanil sous les yeux et d'autres notes à côté. La carte est défigurée par divers traits et un cercle en pointillé dont le centre n'apparait qu'en dehors du papier. Le cercle symbolise le trajet possiblement faisable, et il diminue chaque jour, puis viennent des traits et des symboles, montrant les lieux fortifiés, gardés par la Marine, même certains ports sont marqués d'un M pour désigner les principaux quartiers de cette vicieuse Marine.

Un trajet plutôt osé se détaille chaque jour un peu plus dans le cerveau du capitaine. Le Jack of Joke est connu pour ses trajets assez.. spéciaux. Le continent de Magnel a le port le plus important qui soit, le plus fortifié: 300 canons, une petite armée et près d'une centaine de rafiot protègent des remparts qui donnent sur une ville enfermée dans un canyon où règne tout au fond le quartier général de la Marine. Cependant, ce port est au Sud du continent, tourné vers le centre de l'Océan connu.
Il serait très facile d'être piégé en passant par le centre d'Hoomanil, le Nord de Magnel n'est pourtant pas habité, si ce n'est déserté.
La pensée du C'ptaine Joke est d'aller mouiller près du Nord de ce continent, le temps de chasser du gibier, au minimum une dizaine de lapin . Il faudrait ensuite aller sur la petite île de Cony, la première île à l'Ouest de Magnel, pour des réparations sommaires mais aussi pour remplir au maximum tous les stocks. La falsification de document était une prouesse connu d'un seul navire, mais même ce dernier trompe grâce à un subterfuge quasi-honteux car tellement simple.
La dernière étape serait Kendal, une île au Sud-Ouest du centre d'Hoomanil, pour enfin voguer vers l'île de Cardiff.

Le chemin ne serait pas de tout repos, les liaisons entre les ports étant très accentué. La Marine aussi est active, d'où l'augmentation du trafique. Le Jack of Joke pourrait donc se faire passer pour un navire marchand assez facilement, quelques temps tout du moins.

Il lève la tête. Radlek est entré, emportant un morceau du brouillard derrière lui. A la patte de l'animal un message.