Article déjà écrits

Il est si rare que j'écrive

Tellement de choses en tête.. Depuis mon arrivée ici, dans ce monastère, ou cette cathédrale tout s'est accéléré !

Je suis comme dans un état d'euphorie permanent, mais mes pensées sont claires, nettes et si rapides. Il paraîtrait que c'est parce que je suis devenue XIII. J'ai du mal à y croire, cela fait trop d'un seul et unique coup.

13, 13, 13, ce nombre tourne dans ma tête !

Plus j'y pense, moins je comprends mon arrivée. J'étais dans le monde des Cieux, dans le monde de Père et de Mère. Il fallait que j'aille les voir, je me suis révoltée. Oubliant les règlements, ignorant les ordres et les grades. Je n'étais que VII, je ne pouvais pas gagner !

Ils étaient.. ils étaient... vingt ? Non, trente ou plutôt même cinquante vers la fin.

Aurais-je été aidé ?

Non, les dieux n'interviennent pas directement.

Seraient-ils tous morts ?

C'est trop peu probable.

Le Passé est mystérieux mais le Présent l'est tout autant.

Là où je vais devoir vivre, c'est une sorte de bâtiment religieux gigantesque, voilà pourquoi je pense fortement à une église cathédrale. C'est tout de même bien plus haut, plus grand dans toutes ses proportions et, en face des trois plus imposantes portes qui sont l'une en bois, l'une en pierre et l'autre en fer, à plus de mille pas, après avoir monté douze marches puis dépassé un autel, dans l'unique chapelle, une croix de crucifix se tient en équilibre s'appuyant lourdement sur le mur.

Le capitaine, la femme avec un tricorne, m'a raconté un peu l'histoire de ce lieu bien particulier.

L'endroit a été créé par les dieux, pour séparer les XIII des Cieux et de la Terre des hommes. Ces XIII sont qualifiés d'extrêmement dangereux et même d'incontrôlables, ce qui me met dans une situation particulière étant devenue une des leurs.

Le bâtiment aurait donc été entièrement conçu par les dieux, désireux de « tenir en laisse » les animaux que semblent être les XIII. Ce serait donc pour soumettre ces individus que l'architecture est si imposante. La croix par contre serait un tout autre symbole, selon le capitaine « elle a été placée là, aussi droite que la justice divine pour que nous n'oublions jamais qu'à tous moments ils peuvent nous crucifier ». Il s'agit d'une peine plus grande que la mort, puisque le corps ôté de toute magie et de toute autre force reste en vie, la fin ne venant que par une grâce ou par la mort de vieillesse.

Je l'ai regardé intriguée: « Mais elle est penchée, accoudée au mur ! », elle inspira profondément et a ajouté: « Un mythe prétend qu'un des XIII aurait évolué pour devenir XIV et c'est cet unique XIV qui aurait par colère, dit-on, détruit le symbole de la punition divine en anéantissant le pied de la croix. Cette-ci aurait été l'objet d'une bataille entre un dieu et ce XIV, après des heures d'acharnement impensable, insoupçonnable, il aurait brisé le pied fait de simple pierre ! De très nombreuses personnes ici pensent que ce mythe n'est rien d'autre qu'un blasphème, pour éveiller le désire de se rebeller. N'en dis donc pas un mot. Quoiqu'en pensent les habitants, et même les dieux, le mythe prétend encore que la victoire, à peine obtenue par le XIV, il aurait été attaqué par toute la légion XIII de l'époque. La bataille, rude mais non pas psychologique, bien plus physique, finit par l'exécution du XIV. Les survivants lui ont planté leurs armes dans son corps et le capitaine lui aurait tranché la tête.

En temps qu'ancien être humain, sans user de mon poste ni de mes pouvoirs, je me permets simplement de croire que cette croix doit nous rappeler à tous que même si les dieux sont tout puissant, omniprésents, les choix n'appartiennent qu'à nous, il faut en porter les conséquences et en être fier. »

Le capitaine eut un comportement très mélancolique, lasse sans doute d'un passé plus que révolu.. Peut-être est-ce plus, ou au contraire de simple souvenirs revenus à la surface ? Je n'en sais rien.

En reprenant place dans la réalité, elle finit de me faire la visite et me mit en garde:

« Les serviteurs, ici, ne sont que des ombres. Elles n'interviendront jamais pour une quelconque affaire qui concerne un des habitants, même s'ils s'entretuent. Tu ne pourra obtenir de l'aide que par ces mêmes habitants. Les dieux n'ont guère d'attention sur nos relations tant qu'elles ne nous amènent pas tous, je dis bien absolument tous, à la mort.

Comme je te l'ai dit auparavant, les XIII sont considérés comme incontrôlables, c'est presque l'entière vérité. Les XIII ne sont obéissants que s'ils sont en mission, leur loyauté n'est que pour leurs supérieurs et les dieux si les ordres sont directs, mais cela n'importe peu puisqu'ils n'ont aucun dévouement. Il n'est pas dit qu'ils ne puissent pas faire preuve de coopération entre eux, ceux sont des guerriers, des soldats, pas des bêtes. Ils me respectent pour différentes raisons, cela ne veut pas dire non plus qu'ils sont sous mon commandement.

Certains sont des fils d'anges, d'autres de dieux comme toi, il y a même ce que les hommes appellent un « demi-dieu ». Le passé de tous est long, lourd et douloureux. Personne n'a à connaître tes origines, personne ne le souhaite et personne ne te les demandera. Fais tout autan pour éviter des ennuis, il te serai très désagréable de combattre si tôt un allié à cause d'un événement mort depuis très longtemps.

Pour ajouter des difficultés à ta position de nouvelle, tu es justement jeune. Tu possèdes un nouveau corps, de nouvelles capacités, de nouvelles limites. Je te conseilles vivement de t'entrainer dure physiquement et mentalement. Apprends à ne pas répondre des attaques, les XIII ne sont pas comme les humains, mais bien pire encore. Certains ceux sont enfoncés au plus profond des péchés de l'humanité: Envie, Gourmandise, Luxure, Orgueil, Avarice, Paresse et Colère.

Parce que tu es XIII, tu es bien plus sensible à tout ça. Tous ou presque cumulent ces péchés.

Je ne peux pas me porter comme exemple, je ne peux que te rappeler les dires des religieux que tu as vu passer avant moi. Si cela te chante, essaies de rester la même que par le passé, essaies de devenir meilleur. Tu changera peu à peu, de ça tu peux en être certaine, la vraie question que je me pose à cet instant est: combien de temps pourra-tu tenir avant de t'adapter, ou de mourir. »



Ce qu'elle a dit m'effraie, mais cela s'atténue vite. Je suis devenue XIII ! Le chemin qui m'amène à mes parents se raccourcie, ils seront bientôt fiers de moi. Je détruirai tout obstacle qui se dressera devant moi, j'en fais le serment à nouveau.

"Durant des années j'ai subis l'autorité du conseil ici présent. Je paris qu'après ces années, qu'elles se comptent par dizaines, ou par centaines, où j'ai été absente rien à changé ! Manipuler des jeunes gens, leur promettre un bel avenir, la paix et la sécurité pour mieux les envoyer en mission, à la guerre. Ils ne connaissent rien de la vie, mais déjà vous les envoyez à la mort.

S'ils se battent, s'ils meurent, si tant d'horreurs se passent: c'est uniquement parce que vous voulez que vos pulsions et vos désirs soient assouvies. Vieux et gâteux, pourris depuis longtemps, corrompu par la soif de pouvoir. Vous êtes plus tordus, détraqués et mauvais que les pires humains que vous nous envoyez chasser.

Comment ai-je pu être aussi sotte tout ce temps ? Sur la Terre des hommes vous m'avez lancé sur le chemin de tant de quêtes périlleuses ! Aux Cieux je n'ai que rarement entendu parlé de vous en bien et c'est à la Légion XIII que j'ai eu toute la vérité sur vous. Vous me dégoûtez, tous !"

Un membre de l'assemblée applaudit et se lève:

"Quelle clairvoyance ! quelle... dévotion, oui c'est le mot: dévotion ! Qui aurait pu croire qu'une personne pouvait autan s’inquiéter du sort des autres, de ses congénères ?"

Les autres ricanes, il continu:

"D'ailleurs, si je puis me permettre, ne serait-ce pas toi qui a écrit un certain livre par rapport à l'évolution ? Comme quoi il faudrait oublier, abandonner des principes, des parties de soit pour toujours aller "plus haut", voir même "rejoindre les dieux" ? A mon sens, cette théorie n'est que pure foutaise. Cependant, comme je suis bon joueur, si nous suivons ta logique les XIII ne seraient que des bêtes sans autres volontés que d'assouvir "vos pulsions et vos désirs". Ainsi, comment toi, petite XIII, peux-tu nous sermonner nous ? Nous qui t'avons sauvé, hébergé, nourri, blanchi, éduqué, enseigné et beaucoup d'autre, n'as-tu donc aucune reconnaissance ?"

Le silence devient oppressant, l'homme se rapproche et toise de haut la jeune, les autres se regardent, sur le qui-vive. La XIII bouillonne de colère, cherche à se calmer et en un instant devient complétement froide. Elle sourit:

"Je crois que vous ne savez pas, ce qui ici est le plus important: vous, le conseil derrière vous, les dieux qui peuvent bien s'intéresser à notre discussion ou encore.. moi.

Vous, vous n'êtes qu'un homme, derrière ce n'est qu'un groupe de vieillards magiciens. Quant aux dieux... je les connais assez pour dire qu'ils n'interviendront jamais ici sans une véritable raison."

Elle attrape le manteau du rebelle:

"Quant à moi..."

D'un geste rapide, elle le met à genoux:

"...je suis la plus puissante dans ces lieux et vous tuez tous ne prendrait que le temps pour moi de le dire. Je vous déconseille de me contrarier plus encore.

J'ai peut-être évolué, mais j'ai conservé mon humanité, mes principes. Ce que j'ai vu, ce que je vois, est repoussant, révoltant ! Vous avez oublié les vues de cette organisation, de cette famille. Vous provoquez guerres et peurs, alors que vous deviez installer la paix. Regardez un peu les différences de savoir entre deux villes ! Certains savent à peine labourer un champs alors que d'autres façonnent des machines volantes et intelligentes.

Vous êtes devenus des points fixes dans le temps, des obstacles à toutes avancées. Si dans un futur proche vous n'avez rien apprit de la situation pitoyable dans laquelle vous êtes, je vous remplacerais avec tout l'horreur qu'il se doit, un par un."

Elle pousse l'agenouillé à terre, tourne les talons et quitte la salle.

Les membres blêmes avaient sentis l'aura de la XIII qu'elle avait volontairement laissé s'échapper. Elle ne plaisante pas et ils vont mourir si rien ne change.

[...]Finélia c'est donc retrouvé dans l'étable pour y trouver son professeur particulier. L'odeur de la paille et du fumier ne la gène pas, mais comme lieu d'apprentissage la classe qu'elle avait entrevu lui semble nettement supérieur.

Quel pourrait donc être un maître qui fuit les salles propres et rangées pour un tas de foin et la compagnie des animaux ? La question ne reste pas longtemps en suspend:

"Je sens une présence particulière.. qui êtes-vous ?"

Un tas de paille vient de parler....

"Je m'appelle Finélia et...
-Un nom pareil ne peut provenir que de divinité, ou encore de riches égocentriques de la capitale d'Onélia.
-Je vous interdis de parler de mes...
-Holà ! On se détend. Ne bouge pas, je descend."

Descendre ? Le tas de paille est déjà par-terre, mais un bruit attire l'attention en haut à gauche. Un homme saute d'un simple "hop!" devant elle. Celle-ci fait un bond en arrière:

"Je me présente: Lord Guy De Peyllus. Ou plutôt, ancien lord.
-Enchantée monseigneur.
-Pas de politesse seigneuriale, je ne suis qu'un humble érudit maintenant. Que faites-vous ici ?
-J'ai été envoyé ici pour trouver une personne, un professeur à vrai dire.
-Ici, je ne vois que moi et des chevaux. Si c'est un bœuf que vous voulez voir, ils sont rentrés pour..
-Non non ! J'ai du mal m'exprimer. Je suis nouvelle ici et on m'a envoyé trouver un professeur de magie."

L'homme marque une pause, puis s'assoie sur une vieille caisse.

"Que sais-tu de la magie ?
-Je sais que c'est une énergie qui, par l'utilisateur, peut prendre différentes formes.
-C'est à peu près ça. Que sais-tu de la ou les méthodes utilisées dans la pratique de la magie ?
-Je n'ai jamais eu d'apprentissage sur cette matière, mais de ce que j'ai vu elle agit directement selon la volonté.
Il souri, c'est vrai que c'est peu. La magie, c'est une partie de soi: l'extension de son âme à l'intérieur et au-delà des corps. Il y a plusieurs manières de l'utiliser mais on peut en distinguer trois grandes méthodes."

Finélia s’assied à son tour.

"Le style que tu as dû voir est l'application directe. Ce type de magie est à effet direct, il s'applique immédiatement, mais pour maintenir l'effet il faut rester concentrer. L'énergie est drainée tout le long du processus, ce qui peut très vite fatiguer l'utilisateur. Ce style est le plus courant des trois parce qu'il est instinctif, car venant directement de la volonté.

Un autre type de magie qui lui est d'effet indirect, se fait en deux temps. Tout d'abord il faut créer, ou apprendre un cercle de magie,sachant que la structure du cercle définie son utilisation. Même un expert discernera avec difficulté un cercle d'un autre tant il y en a, tant il peut y en avoir et un effet peut être complétement différent alors que la différence dans le cercle n'est que d'un symbole. La première phase est longue, elle se compte en plusieurs années ! La deuxième partie est beaucoup plus simple: il faut se rappeler du cercle voulu, de tous ses détails, puis d'utiliser la magie pour lui faire prendre forme. Le cercle apparaitra alors aux yeux de tous mais ce n'est encore que par la volonté que le cercle relâchera la magie qu'il contient.

Ce style de magie est pratique car ne demande que peu de magie et la puissance dépend à la fois du cercle invoqué, comme du niveau de magie appliqué par le magicien. Cette branche de la magie est très technique, mais permet énormément quand on connait les règles, telles les invocations.

-Arrêtez un peu s'il-vous-plait.
-Qu'y a-t-il ?
-Il est évident que vous êtes ce professeur que je cherches, mais vous voulez réellement m'enseigner l'art des magiciens ?
-Ce que j'ai déjà dit ne te fait pas pencher pour une réponse positive ?
-Dans ce cas, monsieur, peut-on étudier les points un par un ? "

Le cours théorique reprend plus lentement, la jeune étudiante pose des questions par-ci, par-là. Pour finir, Peyllus montre quelques uns de ses tours: un cercle magique apparait au bout de son index, puis il le fait glisser et jongle avec comme s'il s'agit d'une simple pièce.

Plusieurs heures passent et Finélia s'émerveille toujours plus. Un nouveau voyage commence, encore un alors que d'autres s'amènent.[...]

[...] La porte grince lourdement. Un odeur de papier et d'encre séché remplie les poumons.
Une des bibliothèques de la Maison Sayklikahndar ouvre ses portes et accueille sa visiteuse.
Plusieurs rangées de livres, pour la plupart aussi ancien qu'unique, luisent doucement à la chaleur des flammes de lampes à huile isolés. L'endroit est assez étroit pour passer, mais les quelques tables et fauteuils disséminés permettent de s'installer avec confort.
Entre deux étagères un passage mène vers une autre salle, là des copistes ré-écrivent des ouvrages dans le plus grand silence que leur permet leurs plumes.
Elle les regarde de loin et remarque deux plumes sur leur table: "ainsi c'est comme cela qu'ils procèdent ? La première, trempée dans l'encre, écrit et la seconde gratte l'encre frais pour effacer les erreurs. Quel très long processus..."

La Saykli revient à la première salle: à l'entrée une imposante fiche schématise la bibliothèque avec des chiffres, une seconde fiche contient les légendes.
"Voyons.. classification par alphabet.. D ... D.. numéro 3-b jusqu'à 5-a. Cela correspond à énormément d'ouvrage.."

Pas une personne dans la bibliothèque, le seul son qui résonne comme le vent est la gratte de plume contre des feuillets. C'est agréable.

Elle survole chaque volume de la section D du bout de son doigt. Elle cherche quelques informations, mais sans savoir quoi exactement, ni où chercher.

"Tous les livres sont imposants dans cette section..tous dorés, reliures en cuir, avec des symboles mystiques ou des pierres précieuses. Ces livres sont plus des trésors, des bijoux que de simples livres.."

Son doigt se met à glisser dans le vide un court instant. Bref instant qui la réveille.

"Les livres sont tellement gros qu'ils sont presque impossible à bouger tellement il n'y a que peu de place, d'où vient se vide ?"

Elle regarde attentivement: un petit carnet en mauvais état est entre deux masses d'or ornés de diamant. Tant bien que mal elle arrive à extirper la chose.

Elle déchiffre le titre grisâtre, "Dayklikahn: journal" mmmh...non, plutôt Sayklikahn, avec un S pas un D. Je comprends qu'il soit mal rangé, la majuscule est vraiment... déformée.

La première page est complétement illisible, ou alors la langue utilisée est trop étrangère. La page suivante a été beaucoup plus récemment ajouté:

"Je m'appelle Ilphrin,
J'ai la chance d'écrire les premières lignes de ce premier livre. Première pierre de mon projet, de mon destin. Les dieux, mes parents, m'ont fait quérir la paix sur ces terres pour mieux construire.
Les plaies ne sont pas complétement fermées que déjà nous, mon armée et moi, commençons la fondation de ce qui sera plus tard Notre Maison ! Un lieu de repos, d'étude, de vie en toute tranquillité, sous la protection des plus anciens Sayklikahndar.
Il ne faut plus qu'une guerre de cette envergure recommence, une centaine de saykli dans chaque camp et des affrontements de plusieurs mois... Les enfants des dieux, ils sont à la fois fort et fragile. Contre ce monde hostile ils sont vulnérables dès les premiers instants.
Maudit soit Umbriel ! Maudit soit ce dieu félon qui manipule les hommes pour faire couler le sang de mes frères.

Je jure que la Maison des Sayklikahndar sera un lieu parfait pour tous les enfants divins.

Signé: Ilphrin, Innis-Hestia"


Cette page récente ne semble pas la seule dans tout le carnet. Quelqu'un a-t-il traduit chaque page ?En tout cas, le livre semble avoir traversé des temps impensables. Sans doute, il s'y cacherait des trésors inestimables ! Rien que le premier texte semble être l'une des deux œuvres fondatrices de ce qui est restée comme la Maison des Saykli. De mémoire, la fondation de la Maison reviendrait il y a plus de 3 milliers d'années au bas mot.

J'ai du mal à croire que Père ait été si mauvais... Ilphrin dit qu'il a tué... Je suis une fille d'un meurtrier ?

Elle ferme le carnet, pour mieux l'ouvrir au hasard. Un nouveau texte incompréhensible est traduit par la même personne:

"Je ne comprends pas comment cela a pu arriver, un dragon des anciennes légendes, des mythes, a été réveillé. Plusieurs tremblements de terres ont été ressentis au plus profond des montagnes. Pour protéger nos biens, j'ai fait cacher des biens de la Maison au milieu de ces mêmes montagnes, au sud, là où est apparu la première fois Ilphrin, notre guide.
Puisse que les Wyverns, les Hommes et les Sayklikahndar survivent.

Signé: Atiel, Sol-Trivia"


Certains des plus importants, bien que méconnus, des enfants divins ont écrit là-dedans, dans ce carnet.. ce bien et l'un des plus précieux que nous possédons...

Une autre question majeure vient à la jeune fille: Les dieux, pourquoi ne réagissent-ils pas ? Les dragons, leurs enfants... ces sujets les concernent.
Trop curieuse de l'identité du traducteur, Finélia se dirige droit vers les dernières pages écrites. L'avant dernier texte correspond aux feuilles des traductions:

"Je suis honorée que la bonne fortune m'ait permise de découvrir cet œuvre inégalable, ces quelques feuilles qui permettent de relier le passée au présent du lecteur. Ce pont est d'une importance capitale, il informe, il guide le lecteur d'aujourd'hui vers un sens à sa propre vie qu'il découvrira par la lecture.

Je me suis permise, comme je n'ai pas une époque virevoltante, de traduire à mon époque tous les textes du mieux que je pouvais. Quiconque trouvera mieux est admis à corriger mes fautes.

Signé: Erika, Umbriel-Aldebaran"



Umbriel-Aldebaran ? Elle est ma sœur ! Je ne connais pas cette Erika.. peut-être que le dernier texte me permettra de savoir où elle est ?


"Longtemps j'ai été heureuse. J'ai vécu dans l'insouciance, dans l'innocence, où mes parents, où les dieux sont aimants.
Cette période est terminée.

J'ai bien étudié ce carnet: il en est arrivé des malheurs. Mon "père" Umbriel n'a jamais su contrôler son pouvoir, il affole, il noirci les âmes, et les autres dieux que font-ils ? Les dieux de la guerre s'en amusent et ils en jouent ! Les dieux de la mort et des ténèbres récoltent chaque fois le sang, les corps et les âmes comme s'ils partaient cueillir je ne sais quelles fleures !

Les dieux sont impardonnables, ils méritent pour une fois le châtiment de ces mortels qu'ils regardent du haut des Cieux.

Je vous remercie, ancêtres, je vous remercie d'avoir partagé vos secrets avec moi. Je les userais pour combattre de mon mieux chaque divinité maléfique et ce combat commencera contre la Maison Sayklikahndar, puissance corrompue par le temps et les hommes.

Signé: Erika, la reine des pirates."


Le livret glisse lentement des mains, il se ferme doucement et tape le sol.
"Je... ne comprends pas... Pourquoi ?"

La jeune ressent pour la première fois une sensation étrange: un coup au ventre, un coup dans le dos, dans la gorge... dans le cœur...
Elle reprend le livret, le range à sa place et part sans un mot pour aller dans sa chambre et essayer de dormir.

Celle qui a traduit un des plus ancien livre, celle qui est ma sœur, celle qui veut me tuer, celle qui a détruit une ville entière pour m'avoir moi... Erika.

Je dois lui parler ! Rien n'a de sens, elle a toutes les réponses.

Père, Mère protégez moi, guidez moi ! [...]

[...]

Un soldat amène son frère d'arme blessé dans une maison abandonnée. Il l'installe sur la première chaise venue.
"Je.. vais mourir tu sais ? *tousse-tousse*
-Arrêtes de dire des bêtises. Tu en as toujours trop dit.
-Racontes *tousse* Racontes moi la... la dernière prière.
-Tu vas vivre idiot !
-Racontes la moi, s'il te plait."

Il tousse encore et un filet de sang coule du coin de sa bouche.

"Je vais te raconter ton histoire. Pas ton passé, pas ton présent: le future que surement tu vivra.
La Maison pleure déjà, de moitié pour joie, car trop vite tu t'en va.
La Mort arrivera bientôt auprès de toi. D'un geste doux son linceul te touchera. Tu n'aura aucune crainte puisque de tes douleurs elle te soignera.
En un instant, elle te remettra sur pied et s'envolera. Dans ton dos, tu sentira la chaleur, ce sont tes ailes qui grandiront. L’envol inévitable te montera jusqu'aux Portes des Cieux, entrouvertes par la Mort elle-même. Un inconcevable corridor se dévoilera, fait de lumière et de néant, avec pour seul fin le Royaume des Cieux.

Tu sera heureux, nous te le promettons, heureux de survoler un nouveau monde, le monde de nos pères et mères. Puis la lumière te guidera à nouveau et le début d'une nouvelle vie y sera à l'origine.

Tes parents, nous le savons, seront présents et jamais, ô grand jamais, ils ne te quitteront.
La Maison pleure encore... de moitié pour tristesse...
Cette histoire, ton histoire, ton future, n'aurait jamais dû être raconté...
En effet, le Sayklikahndar de cette histoire... est parti depuis peu... La Mort... l'a touché.
Adieu, nous nous retrouverons aux Cieux."

En pleure, il embrasse le front de son frère et quitte la maison.
[...]