Nuit des Morts chez les Sayklikahndar - édition d'Halloween

Le soleil venait à peine de commencer à se coucher que toutes les filles du baraquement se sont empressées de faire les préparatifs pour LA nuit du mois.
La dernière journée de la saison des moissons est fêtée le jour par tous les vivants, tandis que la nuit, dès le soleil couchant, le flambeau de la fête revient inexorablement aux morts. Certains pensent que ce n'est que superstition, d'autres pensent plutôt qu'un pacte millénaire ait été conclût entre bons vivants et âmes errantes pour empêcher tout réveil impromptue d'un décédé durant l’hiver, causant effroi et crime en tout genre, c'est ainsi qu'un jour par an morts et vivants se partageraient cette journée: vivants festoyant le jour, morts ricanant le soir.

La tradition qui découle de cette dernière journée si particulière est que certains, s'ils l'osent, fassent des esprits les acteurs principaux d'histoires chacune plus glaçante que les autres.

Les filles s’affairent vite: fermer les rideaux, allumer quelques bougies sur les commodes et autour d'une lampe à huile des draps de lit en cercles à même le plancher sont placés.
Le soleil complétement disparu elles finissent enfin.

"C'est triste à dire, mais je suis contente que Fin' ne soit pas là cette année encore.
-Pourquoi tu dis ça ? Elle t'embête ?
-Non, mais.. enfin, elle est bizarre je trouve. Parfois on dirait qu'elle n'est pas elle-même: souriante, gentille...
La deuxième sourie, ne me dis pas que tu aimerais être plus proche d'elle... pour te faire caresser par Fin' dans son état possédée.
-Ah.. arg ! non beurk ! qu'est-ce que tu peux être horrible, ça me file la chaire de poule rien que d'y penser !"
Tout le monde se moque gentiment.

Chloé allume la lampe à huile et demande à toutes de reprendre du sérieux:
"S'il vous plait, ô gentes demoiselles au cœur qui bat, à la chaleur si douce et à l'innocence du corps, je vous demande de reprendre quelque peu de sérieux. Les choses vont bientôt commencer et tout doit se passer dans les règles de l'art, sinon... Elle laisse sa phrase en suspends.
-Si..sinon quoi ?
-Sinon, les esprits seront mécontents, toutes les histoires qui seront dites cette nuit prendront réalité et choisiront de vous pourchasser jusqu'à la fin de votre temps sur la Terre.
L'atmosphère a tout d'un coup chuté dans un frisson, Arrête de dire des choses comme ça idiote !
-Est.. est-ce.. est-ce que c'est vrai ?
Chloé s'enroule dans un drap et sous sa nouvelle capuche elle laisse s'échapper un sourire inquiétant, oui, tout est vrai !"

Dans le groupe certaines filles commencent à s’inquiéter vraiment, l'une veut partir et Chloé reprend d'un ton ténébreux:
"Si tu sors maintenant, lors de la dernière nuit des moissons, les fantômes sortiront des forêts, des tombes, des ruines et te traqueront par colère, peu importe s'il y a de la lumière.
La fille tombe et sanglote, mais.. on m'avait dit que ça serait amusant cette soirée ! Pourquoi vous me faites si peur comme ça ?!
Quelques filles courent rassurer l'autre, c'est vrai ! Elle a raison, c'est une soirée pour quelques frissons, pour se faire peur, mais en s'amusant. Arrêtes ton manège Chloé !
-Olala ! D'accord, d'accord ! J’arrête tout, et elle sourie franchement.

Les choses se remettent dans l'ordre peu à peu et toutes prennent place dans le cercle. Avec l'accord de toutes, la soirée débute. Chacune à leur tour, elle se mettent à raconter une histoire "d'épouvante" en prenant la lampe à huile. Certaines dégoûtent d'autres, parfois l'histoire fait simplement rire.
Le tour vient enfin à Chloé, la dernière à conter en guise de punition puisque l'audience s'est appauvrie en chemin: beaucoup s'endorment déjà et ici ou là on voit particulièrement un sommeil très agité, poursuivie sans doute par des monstres gluants, un acteur sans tête déguisé en chevalier et autres...




C'est l'histoire de deux jeunes filles.
Elles se connaissaient depuis qu'elles savaient marcher, très amies elles partageaient tout ensemble ! Chacune connaissait tout de l'autre et ne pensait ni au passé ni au futur, seul le présent importait. C'était un vrai bonheur pour elles mais aussi pour leur entourage.
Dans cette joie partagée la mère de la première, veuve depuis trop longtemps pour s'en souvenir à redécouvert l'amour avec le beau tisserand de la ville. Petit à petit, étoffe par étoffe, il entra dans la vie de tous les jours des amies et de leur entourage. Il était aimant et on l'aimait en retour.

Un jour cependant, la mère de la première disparue sans laisser de trace. Tout le monde supposait qu'elle était partie pour se soigner ailleurs, mais pourquoi ne pas laisser de nouvelle ?

Les amies jurèrent de rester ensemble quoiqu'il en coûte, peu importe ce qui pourrait se passer et même si l'une d'elle partait l'autre devra être avertie !

Les jours passaient, encore et encore, le train-train quotidien revint mais pas la mère.
Un jour suivant la première disparue tout aussi simplement que la mère !
Les gens se questionnaient, cela devenait grave: une personne adulte, ça passe encore, mais une jeune fille, sans histoire, aimée de tous et sans problème ?! En groupe ils cherchèrent dans les forêts, au bord de la rivière, parfois même si loin, parfois même dans les tréfonds des égouts ! Rien n'y a fait.. les tensions sont restés aussi lourde, aussi certainement que la deuxième amie était seule.

Sa sœur disparue... elle en était tellement triste, tellement malade...

Une semaine après la disparition, la deuxième trainait dans son jardin quand elle sentie une étrange odeur. Suivant la piste elle s'approcha de la maison voisine, la maison de son amie, de sa sœur. Une petite lucarne était ouverte, trop curieuse elle jeta un coup d’œil à droite, à gauche avant de s'engouffrer à l'intérieur.
Le sous-sol sentait l'humidité, le renfermé, mais l'étrange odeur persistait plus forte. Elle retrouve une petite lampe a huile qu'elle allume et découvre une pièce pleine de vieux meubles cassés. Au fond de la salle il y avait une porte d'où se glissait de la lumière dans les fentes. Elle s'approche: une ombre s'installa derrière la porte.
"Qu..Quelqu'un est là ?" s'inquiétait la fille déjà toute tremblante, mais sans une réponse la porte grinça doucement, doucement... Ses tremblements ont persisté plus fort et elle a lâché sa lampe qui s'éteignit au contact de la boue du sol.

La porte laissa découvrir une silhouette reconnaissable:
"Aaah ! C'est toi ! J'ai été tellement inquiète, tu ne peux pas savoir comme..." mais la silhouette se mit à parler d'une voix étrange:
"Je croyais que nous serions ensemble, pour toujours, pour toujours, pour toujours...
-Mais maintenant je suis là, je t'ai retrouvé !
-Oui, oui ... allons *crac* jouer ensemble"


L'étrange bruit était comme celui d'une branche que l'on craquait, mais il ne s'agissait pas de bois: la tête de la silhouette avait un angle tout d'un coup beaucoup trop prononcé.

Trois jour plus tard, le tisserand a été arrêté et mis à mort pour folie et possession démoniaque. Dans sa nouvelle maison, plus précisément dans une salle du sous-sol, ont y a retrouvé de l’effroi, de l'horreur:

le corps d'une femme et de deux jeunes filles étaient pendues, depuis longtemps complétement nue. Mais le pire était qu'aucune ne semblait avoir été tuée par pendaison: leur peau, leurs yeux ont été arrachés et avec leurs cheveux le tisserand avait commencé une œuvre macabre: une étoffe de chair. Selon les spécialistes, toujours en vie, le tisserand les aurait lentement dépecés et faisait glisser des aiguilles sont la peau pour récupérer plus ... "convenablement" les carrés de chair.

Une année plus tard, on décida de détruire la maison et d'interdire toute construction à proximité car tous se plaignaient d'entendre des jeunes filles jouer à toutes heures.

***

"Aaah mais tu es horrible Chloé !
-On dit qu'après la destruction de la maison elles ont pu aller jouer partout où elles le veulent. Si ça se trouve, ce sont elles que j'ai entendu dans la forêt à côté.
-Naaan ! J'vais plus pouvoir dormir maintenant !
-On est toutes d'accord pour te le dire Chloé: c'est ton histoire la plus affreuse !
-J'veux dormir avec quelqu'un ce soir !
-Moi aussi !"

Les discussions continuent quelques dizaines de minutes et les rires reviennent pour souffler un peu et se reposer.